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* Effondrement massif et accéléré de certaines populations, mais pas (encore) de sixième extinction massive des espèces
@ 2021-06-27 20:51 Julien Moutinho
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From: Julien Moutinho @ 2021-06-27 20:51 UTC (permalink / raw)
  To: Équipe municipale Gentioux-Pigerolles; +Cc: advppg, cabaretpauline

Bonjour,

Merci pour cette « chronique Nature » dans le Journal municipal n°3,
c'est une chouette initiative !

Une remarque toutefois même je ne suis pas du tout expert du domaine,
et que je partage bien volontiers le message de mise en place
des mesures de conservations plaidées par l'article :
j'ai trouvé déprimant et maladroit pour l'information scientifique du public
d'avancer sur le même plan « réchauffement climatique »
et « sixième extinction massive des espèces en cours actuellement ».

En effet, le « réchauffement climatique » est établi scientifiquement
« sans équivoque » par le GIEC (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat)
dans sa cinquième et dernière évaluation en date en 2014.
À un minimum de +1,5 °C au dessus des niveaux préindustriels
dans les vingt prochaines années.
Bien que, pour être exact, le sixième rapport prévu pour 2022
devrait abaisser cette limite à l'élévation actuelle de +1,2 °C voire +1,3 °C,
suite à un abaissement de la sensibilité du climat dans les simulations.
Source : https://www.youtube.com/watch?v=-TEDl-Fxetc&t=4852s

Mais, la « sixième extinction massive des espèces »
n'est, quant à elle, encore qu'une lointaine vision catastrophiste
qui fait l'objet de trop d'incertitudes sur les taux d'extinctions actuels
et plus encore sur ceux des décennies à venir
(Source : https://www.afis.org/Crise-de-la-biodiversite-vision-catastrophiste-ou-realite-scientifique )
ainsi que de biais méthodologiques sur le comptage
et la définition même de ce qu'est une « espèce »
(Source : https://www.afis.org/Video-Les-criseS-de-la-biodiversite ),
pour recevoir une validation scientifique équivalente à ce jour.

De fait, la dernière évaluation en 2019 de l'IPBES
(Plateforme intergouvernementale scientifique
et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques)
bien que politique et pas que scientifique,
n'évoque pour autant pas d'« extinction massive » d'« espèces »,
mais alerte seulement sur la vitesse actuelle de ces extinctions,
tout en rappelant qu'on reste encore à des taux d'extinctions
de seulement quelques pourcents.
Sachant que les cinq « extinctions de masse » établies à ce jour
sont estimées avoir atteint en quelques millions d'années
plus de 75% d'« espèces » éteintes à l'échelle planétaire.

Un article de 2011 dans le Nature n°471 a estimé
que si cette perte sérieuse et dramatique d'« espèces » se poursuit
elle ne devrait toutefois pas atteindre la magnitude d'une « extinction de masse »
avant quelques milliers d'années si s'éteignent seulement
les « espèces en danger critique d'extinction »,
voire quelques centaines d'années dans le pire des scénarios
où s'éteindraient aussi en un siècle les « espèces menacées ».
Source : p.6 de https://www.researchgate.net/publication/50267709_Has_the_Earth's_Sixth_Mass_Extinction_Already_Arrived_Nature

Le point A5 résume ainsi l'évaluation de l'IPBES :
> L’activité humaine menace d’extinction globale un
> nombre d’espèces sans précédent. En moyenne, 25 % des
> espèces appartenant aux groupes d’animaux et de végétaux
> évalués sont menacés (Figure SPM.3), ce qui suggère
> qu’environ 1 million d’espèces sont déjà menacées d’extinction,
> beaucoup dans les décennies à venir, à moins que des mesures
> ne soient prises pour réduire l’intensité des facteurs à l’origine
> de la perte de biodiversité. Faute de mesures, l’augmentation
> du taux global d’espèces menacées d’extinction va encore
> s’accélérer, alors qu’il est déjà au moins des dizaines voire
> des centaines de fois plus élevé que la moyenne sur les 10 millions
> d’années écoulés (Figure SPM.4).
Source : p.12 de https://www.ipbes.net/sites/default/files/2020-02/ipbes_global_assessment_report_summary_for_policymakers_fr.pdf
Ainsi que p.26, les graphiques :
- « Risque d’extinction actuel au niveau mondial dans différents groupes d’espèces »
- « Extinctions depuis 1500 »
- « Déclin de la survie des espèces depuis 1980 (indice Liste rouge) »

Ceci étant dit, la page 25 confirme que les principaux « facteurs directs »
de ces menaces sur la « biodiversité » sont effectivement
celles mentionnées dans l'article :
- B1 « Changement d'utilisation des terres/mers »
- B1 « Exploitation directe »
- B2 « Changements climatiques »
- B3 « Pollution »
et en outre :
- B3 « Espèces toxiques envahissantes »
- et « Autres »

Mais l'IPBES va au-delà en identifiant les « facteurs indirects » suivants :
- B4 « Facteurs démographiques et socioculturels »
> La population humaine a doublé au cours des 50 dernières années,
> la croissance économique mondiale a presque quadruplé
> et le volume du commerce mondial a décuplé,
> entraînant une hausse de la demande d’énergie et de matériaux.
- B5 « Facteurs économiques et technologiques »
> Les mesures d’incitation économique favorisent
> généralement une expansion de l’activité économique au
> détriment de la conservation et de la restauration,
> causant souvent des dommages à l’environnement.
> La prise en considération des multiples valeurs des
> fonctions écosystémiques et des contributions de la
> nature aux populations dans les mesures d’incitation
> économique a pourtant montré de meilleurs résultats sur
> les plans écologique, économique et social.
- B6 « Institutions et gouvernance »
> Les espaces naturels gérés par les peuples
> autochtones et les communautés locales subissent une
> pression accrue. La dégradation est généralement moins
> rapide sur les territoires gérés par les peuples
> autochtones que sur les autres, cependant ils continuent
> de se dégrader, tout comme les savoirs qui permettent
> d’en assurer la gestion.
- B4 « Conflits et épidémies »

Voilà, tout ça pour essayer de contribuer modestement à faire en sorte que l'ADVPPG
et l'équipe de rédaction du Journal municipal deviennent encore plus exigeantes
sur le contenu factuel des propos qu'elles diffusent,
afin de ne pas desservir leur crédibilité et les bonnes causes qu'elles défendent :)

Encore merci pour cet chronique,
Julien Moutinho


PS : Concernant le projet d'extinction nocturne de l'éclairage public,
sachant qu'une consultation dépend beaucoup du niveau d'information préalable,
avez-vous prévu des actions pour mieux nous informer avant de la faire ?
Par exemple en faisant des projections/débats avec des expert·tes
et/ou en joignant une plaidoirie à la consultation ?
J'apprends par exemple que le livre « Sauver la nuit »,
du docteur en géographie Samuel Challéat, estime que :
> 28 % des vertébrés et 64 % des invertébrés sont nocturnes.
Source : https://www.afis.org/Sauver-la-nuit
Ce que semble confirmer l'OFB (Office français de la biodiversité) :
https://www.youtube.com/watch?v=WDVYLxLmK9k
Mais j'imagine qu'on peut trouver des chiffres plus pertinents à la faune du Plateau ?

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2021-06-27 20:51 Effondrement massif et accéléré de certaines populations, mais pas (encore) de sixième extinction massive des espèces Julien Moutinho
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2021-07-09 18:41   ` [livre] « Sauver la nuit » (2019) de Samuel Challéat Julien Moutinho
2021-09-16  0:25     ` [étude] Effet rebond sur la transition de l'éclairage public aux LED Julien Moutinho
2022-07-30 21:56       ` « Étoiles » filantes Perséides en août et dossier sur la pollution lumineuse Julien Moutinho

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